Témoignage de Claude-Louis Renard :

« Des rapports nouveaux s’établissaient désormais entre l’art et l’industrie du fait de l’apparition d’une génération d’artistes dont la perception du monde contemporain impliquait une attitude neuve à l’égard du monde industriel, revendiquant d’utiliser les matériaux, les produits, les techniques de l’industrie comme support de leur langage.

Face à cette attente, une grande entreprise comme la Régie Renault apparaissait comme un immense réservoir d’énergies humaines disposant d’un capital technique, de possibilités financières et d’un pouvoir de décision, qui la désignaient naturellement pour prendre la responsabilité et l’initiative d’une série d’actions dont l’objectif préalable était de concrétiser les problèmes posés.

Au début des années soixante-dix, nos activités commençaient à être connues et certains artistes manifestèrent leur besoin de diverses aides techniques. La Régie Renault leur offrait le moyen d’entreprendre et de poursuivre des études, qu’ils n’auraient pu mener à bien autrement, parce qu’elles n’aboutissaient pas à la production d’objets commercialisables.

 

Jean Dubuffet et Claude-Louis Renard devant la maquette de la Villa Falbala, 1971

 

Jean Dubuffet et Victor Vasarely furent les premiers bénéficiaires d’aides apportées par des spécialistes de l’entreprise, sur proposition de « Recherches Art et Industrie » et dans les limites possibles de temps et de moyens financiers.

 

Cette assistance gratuite fut l’une des très rares expériences de contact et d’échange entre des hommes appartenant à ces deux mondes clos et séparés. Pour la première fois, des collaborateurs de l’entreprise, ingénieurs, techniciens et ouvriers, enfermés jusque là dans un univers purement utilitaire, participaient à la fabrication d’un objet dont le seul but était esthétique, mais conçu à partir des techniques et des matériaux qu’ils employaient chaque jour.

Chaque artiste posait des problèmes d’une nature différente allant du simple conseil à une réalisation aboutie.

 

 

Pour Pol Bury, Nicolas Schöffer, Robert Rauschenberg, Jean Tinguely, par exemple, le défi technique fut à la mesure du défi artistique.

 

Pol Bury parmi ses 50 colonnes animees, 1972-1973, acier corten, 430 x 50 cm  Sculpture-automobile pour Chronos 10, 1969-1970 photo: Jean-Jacques Morer, Courbevoie

 

Pour conclure, nous ne voulions nullement mettre en question la liberté de l’artiste ni prétendre lui apporter une quelconque réponse fondamentale. Nous voulions seulement permettre à ceux qui en ressentaient le besoin de poser en termes corrects et concrets leurs problèmes. »