Témoignage de Claude-Louis Renard :

 

« J’avais soutenu, dès le début de nos activités, qu’il pouvait être bénéfique à l’entreprise d’avoir recours à des artistes pour participer à certains travaux, et apporter un regard autre sur différents problèmes. La conception d’un nouveau logo en fournit rapidement un premier exemple.

La collaboration avec les artistes pouvait prendre la forme d’une consultation sur un produit automobile en cours de réalisation, mais aussi, celle d’un contrat d’étude ou d’exécution. Le principe consistait à stimuler et attiser la curiosité des stylistes de Renault pour provoquer des occasions d’innover en développant la sensibilité et la culture. Les artistes apportaient de nouvelles idées dans un dynamisme en perpétuel mouvement.

La création du nouveau sigle Renault fut très significative d’une collaboration efficace entre artistes et responsables de l’entreprise pour trouver des solutions à certains problèmes industriels. Victor Vasarely, à qui la Régie Renault avait demandé de dessiner le logo, avait accepté d’emblée de respecter les impératifs très contraignants d’ordre techniques et liés au prix de revient.

 

Il était notamment obligé de conserver le losange, qui symbolisait la marque aux yeux du public depuis plus de cinquante ans, mais aussi les couleurs jaune, blanche et noire. Ce sigle devait être à la fois lisible à cent cinquante mètres sur route, réalisé en trois dimensions pour être mis en place au sommet d’une usine ou d’un bâtiment administratif, et réduit à l’échelle du papier à lettres. Enfin, bien entendu, il était indispensable qu’il puisse figurer de façon claire sur tous les véhicules. Victor Vasarely et son fils Yvaral proposèrent une solution dont l’efficacité fut démontrée par une enquête auprès d’un public non averti qui, presque à l’unanimité, associa avec évidence le sigle à la marque qu’il devait identifier.

Plus tard, dans le même ordre d’idées, la Régie Renault demanda à deux jeunes artistes, Dominique Gauthier et Françoise Jourdan-Gassin de venir, plusieurs jours par semaine, discuter avec les stylistes de leurs propositions, non pas, bien entendu, pour dessiner ou modeler une aile de voiture, mais pour leurs permettre d’écouter directement les réactions de créateurs contemporains.

 

Je ne crois pas enfin que l’on puisse tenir pour négligeables les rapports qui s’établirent, de la base au sommet de l’entreprise avec les artistes, et l’enrichissement que chacun a pu en tirer aussi bien sur un plan personnel que professionnel. »

 

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