Témoignage de Claude-Louis Renard :

« Nicolas Schöffer souhaitait créer une sculpture automobile. Il avait déjà fait réaliser, sans attendre, la partie sculpture, haute de plus de deux mètres, pouvant tourner autour de son axe vertical et comportant de nombreux éléments en mouvement, sans souci des contraintes spécifiquement automobiles. Son objectif était clair, il voulait obtenir un véhicule qui devait faire corps avec la sculpture, dont le style devait être à la fois aussi discret que possible et en harmonie avec elle, et qu’il trouvait naturel de faire rouler au sein de la circulation.

Les ingénieurs durent mettre au point un châssis spécial, et un brillant styliste réussit à dessiner une carrosserie dont la rigueur et la simplicité permettaient l’appréhension la plus évidente de la sculpture. Renault avait fourni les études, Denise René finança la réalisation, et cette sculpture automobile put circuler à Paris et à Milan, mêlée au trafic et animée de tous les mouvements que son auteur avait imaginés. »

 

Témoignage de Nicolas Schöffer:

 » C’est la première sculpture chronodynamique possédant une autonomie totale de mouvement grâce à son socle constitué par un véhicule automobile sur quatre roues, surbaissé et carrossé.

Ce véhicule de forme cubique contient un moteur de traction, un groupe électrogène, un plateau tournant pouvant faire tourner la sculpture, une cabine pour le conducteur avec deux sièges, volant, freins, changement de vitesse, tableau de bord muni de différentes commandes, phares, pare-choc…

La hauteur totale du véhicule est de 97 cm . La sculpture est fixée sur le plateau tournant, à peu près au milieu du véhicule, sa hauteur est de 2,96 m, la hauteur de l’ensemble est par conséquent de 3,93 m.

La sculpture est constituée par une ossature en tube de duralumin carré, sur laquelle sont fixés 25 miroirs circulaires tournant à vitesses différentes qui captent, réfléchissent, rétroréfléchissent en arrêt ou en tournant, les rayons lumineux et colorés de 15 projecteurs ponctuels, installés également sur cette ossature.

C’est une sculpture-spectacle qui, pour la première fois, introduira dans la circulation urbaine un élément esthétique en contrepoint avec des milliers de voitures automobiles inesthétiques et monotones.
C’est le spectacle en constant déplacement selon le rythme de la circulation, de la grande ville, du village ou de la route.
C’est la sculpture qui vient au spectateur, et non le contraire, pratiqué jusqu’à nos jours.

Le but, c’est de former de véritables groupes de sculptures auto-mobiles ou volantes, ambulantes, pour provoquer un peu partout et par surprise, des perturbations esthétiques salutaires, rompant ainsi tout phénomène de saturation avec les inhibitions consécutives à la pollution esthétique de notre environnement habité. «